lundi 6 janvier 2014

Premières impressions de Aida à UWC Mahindra (Inde)

Le 19 aout, je me retrouvais dans un mini bus en route pour mon école au dessus de la vallée de Mulshi avec mon co-year marocain Nizar, une finlandaise, une norvégienne, un Ethiopien, une israélienne et plus de 10 autres nationalités. Mon premier contact avec mon nouveau monde. Sur la route de Mumbai à l’école, tout était vert. Je regardais à travers la fenêtre et je ne savais pas quoi penser ni même quoi ressentir. Au cours de ces deux ans, je considèrerais cet environnement comme une partie intégrante de ma vie. Après avoir parcouru cinq heures de route et monté une montagne, le campus s’offrait enfin à moi. La vue était époustouflante. Nous étions entourés de montagnes, isolés du monde, en pleine nature. Je sentais l’air frais remplir mes poumons. J’étais heureuse d’être enfin ici et de voir par mes propres yeux ce que j’avais vu en photo mais une partie de moi aurait voulu montrer mon nouvel environnement à ceux que j’avais laissé au Maroc. En gros, mon corps était en Inde mais mon esprit pensait encore à mon ancienne vie. Je ne regrettais en aucun cas mon choix mais j’aurai juste voulu partager mon bonheur avec eux.

La première semaine se déroula comme sur un nuage : je faisais de nouvelles connaissances, je découvrais de nouvelles cultures, j’appréciais la nourriture, je cohabitais avec trois autres inconnues dans une même chambre. Tout était nouveau pour moi, même la langue. Dans un contexte international, notre langue officielle était l’anglais. La semaine d’intégration nous maintenait occupés et j’avais à peine le temps de manquer ou même parler à mes proches. Un des évènements les plus marquants de cette semaine fut ma nuit dans une famille du village. De nature très modeste, chaque famille des cinq villages hébergeait aimablement un ou deux MUWCI student pour une nuit. Mon premier choc fut lors du diner, la nourriture était tellement pimentée que mes deux autres camarades et moi même sommes devenues rouges écarlates. Mon second choc fut aussi de voir les modestes conditions dans lesquelles la famille vivait. J’ai dormi à même le sol, pour la première fois de ma vie. C’est à ce moment là que j’ai réalisé à quel point, je vivais dans le confort et le luxe au Maroc. Nous savons tous qu’il y a des pauvres dans le monde mais rares sont ceux qui expérimentent réellement  leurs conditions de vie.

Concernant l’Inde, c’est le pays où toutes disparités sont flagrantes. En effet, autant certaines classes sociales peuvent être extrêmement pauvres ou extrêmement riches. Le 111e jour de mon retour, sur la route de l’aéroport, à ma droite se trouvait un palace énorme, luxurieux, imposant et à ma gauche plus de 20 adultes (femme inclus) dormaient sous un pont sur le sol.
L’inde est aussi un panaché de culture, de langues et de cuisines différentes. Pour moi, ce continent, qui présente plus de 1000 langues et qui offre une nourriture complètement différente autant au nord qu’au sud, est une source spirituelle qui m’encourage à dépasser mes limites tous les jours.
A chacun de mes voyages, j’en découvre davantage sur ce pays qui ne cesse de me surprendre. Lors de mon Project Week, je suis allée à Amristar et j’ai eu l’occasion de vivre des moments intensément forts et uniques comme au poste frontière terrestre entre le Pakistan et l’Inde. En situation conflictuelle, j’ai assisté à la cérémonie de fermeture de la frontière où les soldats  finissent par se rejoindre pour se serrer la main même si les relations sont souvent extrêmement tendues entre les deux pays. Au Golden Temple, lieu sacrée des religieux sikhs, j’ai assisté et accompli divers services afin de fournir de la nourriture en continue et gratuite à tous les visiteurs du temple. Du point de vue historique, j’ai également visité un fameux jardin où 2000 protestants indiens ont été tués par les Anglais avant la révolution de 1947.

Quant aux cours à MUWCI, ils sont passionnants. L’Histoire m’a appris qu’il y aura toujours diverses versions et point de vue. Mon cours sur les religions du monde m’a permis d’en savoir plus sur l’Hindouisme. C’est fascinant de comprendre comment cette religion est à la fois polythéiste, monothéiste et moniste. Les 30 millions de dieux vénérés ne sont que l’incarnation d’un être suprême appelé Brahman. Les mathématiques me forcent à être particulièrement vigilante face aux pièges posés intentionnellement par l’IB- baccalauréat international. La biologie me fait étudier en détail chaque élément que compose notre organisme. MUWCI nous impose une matière obligatoire qui est PNC : people, nations and cultures (and why they don’t always agree !). Cette discipline m’a poussé à penser à certains sujets tels que le sentiment de nationalisme, la paix et le savoir.

Pour conclure cet article, il me semble primordial d’énumérer tous les challenges auxquelles j’ai été confronté durant ces 111 jours. Si je devais raconter mon expérience à MUWCI en un mot, ce serait intense.

Ce fut la première fois de la vie où j’ai du gérer diverses challenges à la fois. Le premier était sous doute la barrière de l’anglais. Avant de venir à MUWCI, jamais je n’avais parlé en anglais en dehors de la salle de classe. Au début, je pensais que c’était un obstacle mais au fut et à mesure du temps, je commençais à réaliser qu’après MUWCI, je serais apte à avoir une conversation courante, en Français, Arabe marocain et Anglais. Ces trois langues me permettraient d’avoir accès à différentes cultures et modes de raisonnement. Le fait de constamment me battre pour améliorer ma langue me rendait plus forte.

A MUWCI, j’ai également appris à voir les choses positivement et essayer de changer tous défaut en qualité. Ce qui me mène à un autre point, je suis très reconnaissante envers mes parents et mon comité nationale de m’avoir envoyé à Mahindra United World College of India et de m’avoir permis de vivre ce rêve éveillé. Durant ce semestre, mon nouvel environnement m’a invité à être plus mature en surpassant mes limites. Comme vous le savez, MUWCI ne s’arrête jamais et on trouvera toujours quelque chose à faire. Au début, j’ai voulu tout faire mais à partir d’un moment, je réalisais que je ne pouvais plus. Voilà le challenge. Nous devons choisir entre travailler pour notre prochain cours, aller à une activité par simple esprit de curiosité, assister à une conversation intéressante ou dormir. Evidement, on ne peut pas tout faire mais l’apprentissage de cette expérience est de trouver un équilibre et une balance entre les 3S  dont tout le monde m’avait parlé : study, socialize et sleep.

Emotionnellement, ce n’était pas facile de vivre à 8000 km de distance et 24 heures de voyage de ma maison, loin de ma famille, mes amis, mon cocon. MUWCI m’a changé dans le sens où je ne me limite plus à mon propre monde désormais, je pense de manière plus générale, à notre environnement dans sa complexité et sa diversité. Une fois de plus, ca me pousse à voir et à m’intéresser au dessus des limites imposées.

MUWCI offre l’opportunité d’être en contact avec des personnes du monde entier et échanger avec eux toutes sortes de discussions intéressantes à propos de leur culture, leur mode de vie ou encore leur politique nationale. A travers ces discussions qui peuvent mener à des débats, mon opinion a constamment changé, développé et évolué. Cela ma aussi permis d’être plus ouverte d’esprit et intéressée par nos différences. Je pense que notre plus grande force à MUWCI est que nous soyons de plus de 60 pays différents avec un langage, une culture, une origine et un mode de vie propre. Mon but est de découvrir et de connaître davantage sur eux à travers plusieurs évènements tels que les soirées régionales.

Et enfin, APPLY TO UWC !


AÏDA EL KOHEN

5 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer
  2. Bonjours , ton témoignage est tellement excitant qu'il donne envie de tenter sa chance , cependant , je me demandait si la langue n'avait pas été une petite difficulté ? Es-que tu parlais couramment anglais avant ton inscription ou tu a suivie des cours par la suite ? Ton intégration a-elle été rapide ? je me pose tellement de questions qui me font hésiter a postuler pour cette expérience . Si tu pouvais me répondre je t'en serais infiniment reconnaissante . Merci !

    RépondreSupprimer
  3. Monsieur anonyme je me pose aussi les memes questions . est-ce qu on selectionne ces etudiants en se referant a leur niveau dans les langues ou bien on donne plus d importance a celui dans les matieres scientifiques ( math , physique , ..)

    RépondreSupprimer
  4. Bonjour
    Nous sélectionnons les candidats sur la base d'un profil: nous recherchons des personnes ouvertes, curieuses, qui ont un esprit de leadership et qui veulent apprendre pour s'impliquer et faire bouger les choses. Le programme scolaire enseigné dans les UWC est rigoureux, et nous attendons des candidats un bon niveau scolaire de manière générale. Peu importe que le candidat soit talentueux dans des matières littéraires ou scientifiques, le plus important est qu'il soit sérieux, motivé, capable d'atteindre de bons résultats dans la voie qu'il aura choisi. Plus d'infos sur http://ma.uwc.org ou en écrivant à info@maroc.uwc.org

    RépondreSupprimer
  5. Petite précision sur le niveau d'anglais: il faut que l'élève ait une base mais nous n'attendons pas qu'il parle couramment. La mise à niveau se fait une fois au collège. Les UWC étant internationaux, une majorité d'élèves ne parle pas couramment anglais à l'arrivée, cela ne pose donc aucun problème d'intégration ni pour suivre les cours.

    RépondreSupprimer