Le 19 aout, je me
retrouvais dans un mini bus en route pour mon école au dessus de la vallée de
Mulshi avec mon co-year marocain Nizar, une finlandaise, une norvégienne, un
Ethiopien, une israélienne et plus de 10 autres nationalités. Mon premier
contact avec mon nouveau monde. Sur la route de Mumbai à l’école, tout était
vert. Je regardais à travers la fenêtre et je ne savais pas quoi penser ni même
quoi ressentir. Au cours de ces deux ans, je considèrerais cet environnement
comme une partie intégrante de ma vie. Après avoir parcouru cinq heures de
route et monté une montagne, le campus s’offrait enfin à moi. La vue était
époustouflante. Nous étions entourés de montagnes, isolés du monde, en pleine
nature. Je sentais l’air frais remplir mes poumons. J’étais heureuse d’être
enfin ici et de voir par mes propres yeux ce que j’avais vu en photo mais une
partie de moi aurait voulu montrer mon nouvel environnement à ceux que j’avais
laissé au Maroc. En gros, mon corps était en Inde mais mon esprit pensait
encore à mon ancienne vie. Je ne regrettais en aucun cas mon choix mais j’aurai
juste voulu partager mon bonheur avec eux.
La première semaine se
déroula comme sur un nuage : je faisais de nouvelles connaissances, je
découvrais de nouvelles cultures, j’appréciais la nourriture, je cohabitais
avec trois autres inconnues dans une même chambre. Tout était nouveau pour moi,
même la langue. Dans un contexte international, notre langue officielle était
l’anglais. La semaine d’intégration nous maintenait occupés et j’avais à peine
le temps de manquer ou même parler à mes proches. Un des évènements les plus
marquants de cette semaine fut ma nuit dans une famille du village. De nature
très modeste, chaque famille des cinq villages hébergeait aimablement un ou
deux MUWCI student pour une nuit. Mon premier choc fut lors du diner, la
nourriture était tellement pimentée que mes deux autres camarades et moi même
sommes devenues rouges écarlates. Mon second choc fut aussi de voir les
modestes conditions dans lesquelles la famille vivait. J’ai dormi à même le
sol, pour la première fois de ma vie. C’est à ce moment là que j’ai réalisé à
quel point, je vivais dans le confort et le luxe au Maroc. Nous savons tous
qu’il y a des pauvres dans le monde mais rares sont ceux qui expérimentent
réellement leurs conditions de vie.
Concernant l’Inde, c’est
le pays où toutes disparités sont flagrantes. En effet, autant certaines
classes sociales peuvent être extrêmement pauvres ou extrêmement riches. Le 111e
jour de mon retour, sur la route de l’aéroport, à ma droite se trouvait un
palace énorme, luxurieux, imposant et à ma gauche plus de 20 adultes (femme
inclus) dormaient sous un pont sur le sol.
L’inde est aussi un
panaché de culture, de langues et de cuisines différentes. Pour moi, ce
continent, qui présente plus de 1000 langues et qui offre une nourriture
complètement différente autant au nord qu’au sud, est une source spirituelle
qui m’encourage à dépasser mes limites tous les jours.
A chacun de mes voyages,
j’en découvre davantage sur ce pays qui ne cesse de me surprendre. Lors de mon
Project Week, je suis allée à Amristar et j’ai eu l’occasion de vivre des
moments intensément forts et uniques comme au poste frontière terrestre entre
le Pakistan et l’Inde. En situation conflictuelle, j’ai assisté à la cérémonie
de fermeture de la frontière où les soldats
finissent par se rejoindre pour se serrer la main même si les relations
sont souvent extrêmement tendues entre les deux pays. Au Golden Temple, lieu
sacrée des religieux sikhs, j’ai assisté et accompli divers services afin de
fournir de la nourriture en continue et gratuite à tous les visiteurs du
temple. Du point de vue historique, j’ai également visité un fameux jardin où
2000 protestants indiens ont été tués par les Anglais avant la révolution de
1947.
Quant aux cours à MUWCI,
ils sont passionnants. L’Histoire m’a appris qu’il y aura toujours diverses
versions et point de vue. Mon cours sur les religions du monde m’a permis d’en
savoir plus sur l’Hindouisme. C’est fascinant de comprendre comment cette
religion est à la fois polythéiste, monothéiste et moniste. Les 30 millions de
dieux vénérés ne sont que l’incarnation d’un être suprême appelé Brahman. Les
mathématiques me forcent à être particulièrement vigilante face aux pièges
posés intentionnellement par l’IB- baccalauréat international. La biologie me
fait étudier en détail chaque élément que compose notre organisme. MUWCI nous
impose une matière obligatoire qui est PNC : people, nations and cultures
(and why they don’t always agree !). Cette discipline m’a poussé à penser
à certains sujets tels que le sentiment de nationalisme, la paix et le savoir.
Pour conclure cet
article, il me semble primordial d’énumérer tous les challenges auxquelles j’ai
été confronté durant ces 111 jours. Si je devais raconter mon expérience à
MUWCI en un mot, ce serait intense.
Ce fut la première fois
de la vie où j’ai du gérer diverses challenges à la fois. Le premier était sous
doute la barrière de l’anglais. Avant de venir à MUWCI, jamais je n’avais parlé
en anglais en dehors de la salle de classe. Au début, je pensais que c’était un
obstacle mais au fut et à mesure du temps, je commençais à réaliser qu’après
MUWCI, je serais apte à avoir une conversation courante, en Français, Arabe
marocain et Anglais. Ces trois langues me permettraient d’avoir accès à
différentes cultures et modes de raisonnement. Le fait de constamment me battre
pour améliorer ma langue me rendait plus forte.
A MUWCI, j’ai également
appris à voir les choses positivement et essayer de changer tous défaut en
qualité. Ce qui me mène à un autre point, je suis très reconnaissante
envers mes parents et mon comité nationale de m’avoir envoyé à Mahindra United
World College of India et de m’avoir permis de vivre ce rêve éveillé. Durant ce
semestre, mon nouvel environnement m’a invité à être plus mature en surpassant
mes limites. Comme vous le savez, MUWCI ne s’arrête jamais et on trouvera
toujours quelque chose à faire. Au début, j’ai voulu tout faire mais à partir
d’un moment, je réalisais que je ne pouvais plus. Voilà le challenge. Nous
devons choisir entre travailler pour notre prochain cours, aller à une activité
par simple esprit de curiosité, assister à une conversation intéressante ou
dormir. Evidement, on ne peut pas tout faire mais l’apprentissage de cette
expérience est de trouver un équilibre et une balance entre les 3S dont
tout le monde m’avait parlé : study, socialize et sleep.
Emotionnellement, ce
n’était pas facile de vivre à 8000 km de distance et 24 heures de voyage de ma
maison, loin de ma famille, mes amis, mon cocon. MUWCI m’a changé dans le sens
où je ne me limite plus à mon propre monde désormais, je pense de manière plus
générale, à notre environnement dans sa complexité et sa diversité. Une fois de
plus, ca me pousse à voir et à m’intéresser au dessus des limites imposées.
MUWCI offre l’opportunité
d’être en contact avec des personnes du monde entier et échanger avec eux
toutes sortes de discussions intéressantes à propos de leur culture, leur mode
de vie ou encore leur politique nationale. A travers ces discussions qui
peuvent mener à des débats, mon opinion a constamment changé, développé et évolué.
Cela ma aussi permis d’être plus ouverte d’esprit et intéressée par nos
différences. Je pense que notre plus grande force à MUWCI est que nous soyons
de plus de 60 pays différents avec un langage, une culture, une origine et un
mode de vie propre. Mon but est de découvrir et de connaître davantage sur eux
à travers plusieurs évènements tels que les soirées régionales.
Et enfin, APPLY TO
UWC !
AÏDA EL KOHEN